Dominique Reynié : le politologue qui n’y connait rien à la politique ou le politique qui n’y connaît rien à la science politique ?
Une petite affaire secoue le mouvement de Sarkozy : l’un de ses candidats aux régionales, le parachuté Les Républicains, ex UMP, Dominique Reynié, pourtant professeur de sciences politiques, ignorerait les règles élémentaires de candidature. Selon la presse objective – Le Figaro, pas l’Humanité 🙂 – il ne serait pas en mesure d’être en règles pour les élections. Pire il aurait triché :
On le voit, le politologue tombé en politique ne connaît pas le fonctionnement élémentaire d’une élection. On pourrait ajouter d’ailleurs qu’il ne connaît même pas les règles de l’art politique, car en ces temps de forte exigence démocratique, le parachutage a très mauvaise presse, sans compter que la suspicion de « complaisance » nous renvoie à des pratiques délétères.
L’occasion nous est ainsi donnée de rappeler qu’il dirige une fondation politique, présentée comme un organisme de recherche. On voit ici une singulière confusion des genres. Peut-on à notre tour interroger cette fois-ci la rigueur du politologue ? Et si son amateurisme en politique était l’équivalent de son amateurisme scientifique ? Parmi ses « travaux de recherche », il avait en effet sérieusement affirmé l’an dernier que les électeurs Front de Gauche étaient les plus antisémites. Et si là aussi il s’était trompé ?
Scoop Fondapol : l’antisémitisme au front de gauche…
Il y a quelques mois, les médias avaient relayé sans coup férir une « étude » du think tank « Libéral et européen » qui enfin révélait la vraie nature du front de gauche : c’est parmi les militants du FDG que l’on trouvait le plus d’antisémites ! Enfin de l’eau au moulin de ceux qui, depuis des années, font du « populisme » de Mélenchon la preuve de son danger et une manière de l’assimiler à Le Pen. Les grands médias, en effet ne font que rapprocher sans cesse Mélenchon de ceux qu’il combat et dénonce depuis toujours. Plantu s’y est donné avec toute la violence que permet le jeu de plume, avait assimilé le Parti de Gauche et le Front National, le tout avec des relents nazis.
La fondation de Dominique Reynié avait à son tour mené la charge sur le populisme, ce dernier y consacrant un ouvrage. On sait qu’il s’agit surtout de manifester une forme de dé-diabolisaiton du FN, lequel taxé de populiste n’est plus fasciste, sur fond de haine du peuple. J’y ai consacré un ouvrage aux éditions Bruno Leprince, toujours d’actualité, il me semble.
D’accord, mais qu’en est-il du rapport de la Fondapol ? Est-ce parmi les électeurs de Mélenchon qu’il y a le plus d’antisémites ? À partir d’un sondage sur 1005 personnes « représentant » tout le spectre politique – donc combien in fine d’électeurs du front de gauche – on a pu lire que :
« notons que près de la moitié des sympathisants du Front de gauche (48 %) et des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (49 %) considèrent qu’en France on lutte plus contre l’antisémitisme que contre le racisme. »
Ah ! Voilà qui permet de rendre raison du populisme de Mélenchon. Ses électeurs ont les opinions de Dieudonné. Mais, attendez, comment se fait-il alors que d’autres enseignements de cette étude soient oubliés, comme celui-ci :
– Cela n’empêche pas 87 % des répondants qui se disent sympathisants du Front de gauche et 84 % de ceux qui déclarent avoir voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2012 de considérer qu’il est important d’enseigner la Shoah (contre 77 % en moyenne pour l’ensemble). »
– 92 % des électeurs de Mélenchon considèrent qu’un français juif est un français comme un autre contre seulement 84 % dans la population totale.
Cette sélection dans les arguments montre clairement que la fondapol n’est pas un organisme « neutre », mais bien un acteur du jeu politique, dont l’objet est de détourner ici les électeurs de Mélenchon, et par ricochet d’entretenir la ritournelle de Mélenchon = Le Pen .
Ainsi nous pourrions conclure que l’amateur en politique l’est aussi en science. Nous aimerions que les médias, si prompts à relayer les affirmations de M. Reynier, s’en souviendront désormais. N’est pas Machiavel qui veut !