Nous aurions tous et toutes trop à perdre à opposer l’antiracisme et le féminisme. Les progressistes et les humanistes se sont toujours retrouvés sur les luttes féministes et les luttes antiracistes. Dans ces conditions nous ne pouvons que regretter les derniers propos de Laurence Rossignol, Ministre de la République, qui a prononcé ces mots sur l’antenne de BFM le 30 mars, à propos des enseignes de mode qui proposent des voiles :
« Bien sûr qu’il y a des femmes qui choisissent, il y avait aussi des nègres américains qui étaient pour l’esclavage »
Maladresse ? Sans doute plutôt une véritable faute politique en ces temps où les amalgames et les raccourcis servent les discours de haine. Parler des « nègres américains qui étaient pour l’esclavage » est doublement scandaleux. Cela reprend l’idée hélas répandue des bienfaits de l’esclavage. Cela reprend un terme qui aujourd’hui relève de la stigmatisation raciste. Laurence Rossignol a ensuite tenté de corriger le tir en évoquent les textes qui au XVIII° siècle militaient pour l’abolition de l’esclavage et se disaient les « amis des nègres ». Mais le mal était fait, et en direct cela prenait une tout autre signification. Plus qu’une correction, nous attendions des regrets.
Cette outrance verbale ne sert pas la cause féministe, qui mérite en effet un débat sur la présentation du voile comme simple effet de mode. Il est hélas ici occulté.