Depuis quelques temps court une petite musique médiatique : Manuel Valls serait le défenseur intransigeant de la laïcité, tandis que la France Insoumise serait devenue la porte parole des courants communautaristes, alliée ici avec le P.I.R. – le parti des indigène de la République, ou soutenue par Dieudonné. Pour qui connaît de près les relations entre ces courants et les républicains que sont les porte paroles de la France Insoumise, ces indignations seraient risibles, si elles n’étaient pas relayées depuis quelques semaines par des médias ignorants ou complaisants. Mais ces attaques se déploient au moment même où le gouvernement Macron, et son ministre de l’intérieur au premier Chef, Gérard Collomb, remettent en cause l’héritage laïque des Lumières.
La France Insoumise défend une laïcité de combat
Le programme de la France Insoumise défend la laïcité telle qu’elle a été définie par la loi de 1905. Lors de la campagne présidentielle, le programme l’avenir en commun, en proposait même une extension à tout le territoire :
- Garantir la liberté de conscience et l’égalité de toutes les options spirituelles devant la loi
- Combattre tous les communautarismes et l’usage politique des religions
- Refuser les financements publics pour la construction des édifices religieux, des activités cultuelles et des établissements confessionnels
- Refuser de rencontrer d’État à État ceux qui obligent nos ministres femmes à porter des accoutrements contraires à la dignité républicaine
- Interdire la présence de ministres et préfets aux cérémonies religieuses et refuser le titre de chanoine de Latran pour le président de la République
Sur la question de la laïcité scolaire, les forces réactionnaires ne cessent d’accuser la France Insoumise de défendre le service public laïque, en dénonçant les cadeaux et les détournements qui profitent à l’enseignement privé, essentiellement religieux. Pendant la campagne présidentielle de 2017, Jean-Luc Mélenchon a été le seul candidat à signer l’appel pour la laïcité soutenu par nombre des associations laïques.
Nous n’avons aucune leçon de laïcité à recevoir. Nos élus dénoncent les arrangements de la puissance publique avec les cultes. Nous avons le courage de voter contre les financements à des organismes prétendument culturels, mais en fait cultuels, quelles que soient les religions : islam, christianisme, bouddhisme… La laïcité repose notamment sur la stricte neutralité de la puissance publique, qui n’a de cesse d’être bafouée par des élus ou des représentants de l’État qui se rendent – quand ils n’en font pas la publicité dans leur presse municipale, comme le maire soutenu par le FN, M. Ménard à Bézier – à des cérémonies religieuses. Il y’a quelques semaines encore nous nous mobilisions contre la présence du Maire de Lyon, du Ministre de l’Intérieur G. Collomb, et du Président de Région Wauquiez venus écouter le sermon du Cardinal Barbarin en basilique de Fourvière.
Pendant ce temps là, les valsistes et macronistes bradent la laïcité
L’ironie de l’histoire, c’est qu’en accusant la france insoumise de compromissions, d’être islamo-gauchiste, comme on parlait avant guerre d’hitléro-trotskysme, c’est qu’on se tait sur les dérives de Valls, Collomb et Macron.
À tout seigneur tout honneur, Manuel Vals.
En politique internationale Manuel Valls n’hésite pas à afficher ses soutiens à l’extrême droite israélienne. Ce dernier n’a eu de cesse de confondre laïcité et identité, dans la droite ligne de la nouvelle droite qui depuis les années 80 cache le racisme et la xénophobie sous le vocable de la différence des cultures. Comme Nicolas Sarkozy se revendiquant du choc des civilisations des néo-conservateurs américains, Manuel Valls dispense ici et là des propos qui exacerbent le replis ethnique. On se souvient de sa sortie à Évry sur les « blancos » , mais il ne s’arrête pas là. Ses propos concernant les roms sont particulièrement odieux, quand on connait par ailleurs le racisme dont ces populations font l’objet. Il reprend les antiques accusations xénophobes qui pensent les roms par nature incapables de s’insérer dans la culture française.
Sa posture de défenseur de la laïcité ne tient pas. Il est acclamé par l’extrême droite, de Philippot à Marine LePen, et pas qu’une fois !
« »Je me suis dit qu’on pourrait presque lui donner sa carte d’adhérent au Front national » Florian Philippot, 2013
» Lorsqu’elle entend Valls parler d’islam, Marine Le Pen a «l’impression de se lire» » Le figaro 2016
Quant à Gérard Collomb, son action de Maire n’a eu de cesse de remettre en cause la laïcité : il a largement financé des instituts aux frontières du cultuel et du culturel, et au lieu de pratiquer la neutralité, il en appelle à la reconnaissance des cultes. En plein ouragan Irma, alors que sa fonction appelait à coordonner les secours, il a pris le temps de venir écouter un sermon du Cardinal Barbarin. Ses appels à une laïcité plus ouverte ou tolérante reprennent la vielle antienne d’une tolérance qui reconnaît d’abord les cultes et leurs communautés, et ensuite la liberté de conscience des citoyens. Tel n’est pas l’esprit de la loi de 1905, loi de liberté et de paix.