Presque en catimini, le gouvernement annonce une réforme de l’orientation et de l’inscription à l’université, mise en place avant même son examen par le gouvernement et son adoption par le parlement. La mission Pierre Mathiot pour la réforme du baccalauréat va profondément modifier le baccalauréat. D’examen national donnant droit à l’inscription en filières non sélectives, le baccalauréat se transforme en une sorte de brevet à la carte, non suffisant pour assurer l’entrée à l’université, et perdant son caractère égalitaire.
Les gouvernements ont laissé les universités et lycées se dégrader
En 1986 déjà la jeunesse et le monde éducatif avaient refusé le projet libéral d’une sélection à l’entrée de l’université. Aujourd’hui, après des années de non investissement dans l’université, il manque des places dans de nombreuses filières. De ce fait l’austérité a créé les conditions d’engorgement de la procédure APB, puis le tirage au sort, qui sert d’alibi au retour de la sélection. Alors que chaque années 40000 étudiants supplémentaires ont le baccalauréat, du seul fait de la poussée démographique, les gouvernements successifs ont laissé se détériorer les capacités d’accueil. Certaines présidences d’Universités, focalisées sur le classement de Shangaï, ne voient comme seule condition de réussite la sélection. Les éléments de langage gouvernementaux qui parlent de « filtre » à l’entrée, cachent un véritable cadre sélectif.
Orientation et sélection
Le nouveau dispositif d’orientation nous interpelle en tant que professeurs de lycée. On peut se réjouir qu’un second professeur principal aide à l’orientation, mais c’est oublier que c’est le travail des Co-Psy, au moment où le gouvernement ferme des CIO. Plus grave, nous nous engageons par les avis que nous formulerions à nous substituer au choix de l’élève et à admettre que la longue dégradation des conditions de préparation au baccalauréat ait fini d’en garantir la valeur.
La fin annoncée du bac humaniste
Quant à la réforme annoncée du lycée, les premières auditions sont terrifiantes. La mission Pierre Mathiot fait siennes les conclusions de missions antérieures. La décision de rapporter à 4 le nombre des épreuves est cynique. Elle vient du constat budgétaire que dans 90% des cas, la moyenne du baccalauréat est la même avec 4 épreuves qu’avec d’autres. Cette approche réduit le baccalauréat à un diplôme, détaché des finalités de l’enseignement en lycée, encore fortement empreint de conceptions humanistes. En se réduisant à 4 épreuves au choix, décisions du candidat Emmanuel Macron, le baccalauréat fait mine d’être plus libre pour les élèves qui choisiraient leurs matières, alors qu’en fait il en réduit les possibilités d’options et de diversité. L’introduction annoncées d’épreuves transversales achève la destruction progressive du contenu disciplinaire de notre métier, garanti initialement par un savoir universitaire. Pourquoi par la suite ne pas proposer des enseignements différents de nos disciplines de recrutement ? L’introduction d’une part de contrôle continu en cours de formation mettra fin au caractère national des épreuves, les procédures effectives de contrôle à mettre en place pour éviter les dérives étant plus lourdes que le cadre actuel. Le caractère modulaire annoncé, parfois organisé par semestres, semble définitivement casser l’idée de classes, rendant impossible le suivi des élèves.