Freud 1856-1938

Freud est mort il y a 80 ans, le 4 juin1938, au seuil de la seconde guerre

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mondiale. Le fondateur de la psychanalyse lègue une œuvre pionnière, inégalée. Il remet profondément en cause bien des certitudes psychologiques et philosophiques. À l’heure où sa discipline est souvent contestée, notamment du fait du développement des théories comportementales et cognitivistes, rappelons qu’il a également ouvert une approche radicalement nouvelle des pathologies, proposant une méthode de cure par la parole, et étendant son analyse à l’ensemble des productions signifiantes humaines. L’inconscient n’est peut-être pas aussi radicalement structuré qu’il l’a avancé, mais il nous a permis de remettre en cause une conscience souveraine et un peu mégalomane.

« C’est en attribuant une importance pareille à l’inconscient dans la vie psychique que nous avons dressé contre la psychanalyse les plus méchants esprits de la critique. Ne vous en étonnez pas et ne croyez pas que la résis­tance qu’on nous oppose tienne à la difficulté de concevoir l’inconscient ou à l’inaccessibilité des expériences qui s’y rapportent. Dans le cours des siècles, la science a infligé à l’égoïsme naïf de l’humanité deux graves démentis. La première fois, ce fut lorsqu’elle a montré que la terre, loin d’être le centre de l’univers, ne forme qu’une parcelle insignifiante du système cosmique dont nous pouvons à peine nous représenter la grandeur. Cette première démons­tration se rattache pour nous au nom de Copernic, bien que la science alexandrine ait déjà annoncé quelque chose de semblable. Le second démenti fut infligé à l’humanité par la recherche biologique, lorsqu’elle a réduit à rien les prétentions de l’homme à une place privilégiée dans l’ordre de la création, en établissant sa descendance du règne animal et en montrant l’indestruc­tibilité de sa nature animale. Cette dernière révolution s’est accomplie de nos jours, à la suite des travaux de Ch. Darwin, de Wallace et de leurs prédéces­seurs, travaux qui ont provoqué la résistance la plus acharnée des contempo­rains. Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu’il n’est seulement pas maître dans sa propre maison, qu’il en est réduit à se contenter de renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique. Les psychanalystes ne sont ni les premiers ni les seuls qui aient lancé cet appel à la modestie et au recueillement, mais c’est à eux que semble échoir la mission d’étendre cette manière de voir avec le plus d’ardeur et de produire à son appui des matériaux empruntés à l’expérience et accessibles à tous. D’où la levée générale de boucliers contre notre science, l’oubli de toutes les règles de politesse acadé­mique, le déchaînement d’une opposition qui secoue toutes les entraves d’une logique impartiale. Ajoutez à tout cela que nos théories menacent de troubler la paix du monde d’une autre manière encore, ainsi que vous le verrez plus loin. »
Freud, Introduction à la Psychanalyse, 1916

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