C’était attendu : la réforme Blanquer du lycée appelait une refonte du programme de philosophie des classes de terminales, avec la suppression des filières et l’instauration d’une épreuve universelle. Le Conseil Supérieur des Programmes a rendu public son projet en le présentant aux organisations syndicales et disciplinaires. La réduction du nombre de notions était probable du fait notamment de la suppression de la filière littéraire avec ses 8 heures de cours hebdomadaires. Dont acte. Chacun peut déplorer la disparition de telle ou telle notion, comme l’occultation des thématiques classiques autour de la subjectivité comme la conscience, l’inconscient. On observera qu’elles ne figuraient d’ailleurs plus au programme des séries technologiques depuis 2005.

Mais quitte à alléger le programme, quelle mouche a piqué les rédacteurs en réintroduisant un vieux fantôme métaphysique, « l’idée de dieu », d’autant plus surprenant que la notion « la religion » figure elle toujours dans ce projet de programme ? Dieu, le retour, certes dieu avec un « d » minuscule, mais dieu quand même. Un unique dieu d’ailleurs, laissant entendre que seuls les trois monothéismes auraient ici droit de cité. Droit de cité au détriment d’un enseignement laïque qui sépare autant que possible le profane et le sacré. On me dira « l’idée de dieu », et pas dieu lui-même. Pourtant c’est une tendance si humaine à croire que derrière les mots il y a une chose qu’il sera difficile d’aborder cette question sans sous-entendre que derrière l’idée il y a un être. D’autant que selon que l’on prenne le « de » de manière objective ou subjective on serait tenté de se demander quelle idée appartient à dieu. Au moment où il peut être parfois difficile de faire cours sur le vivant et les théories darwiniennes dans certaines classes imprégnées de fondamentalismes religieux – juif, chrétien, musulman – la notion de vivant disparaît du programme au profit du retour de dieu. Quitte à introduire une nouvelle notion, les auteurs de ce projet de programme auraient été mieux avisés de faire droit à « l’animal », objet de tant de travaux innovants ces dernières années. Remplacer l’idée de dieu par l’animal, voilà qui ne serait pas bête.