Les réseaux sociaux, la presse, s’enflamment à propos d’une querelle de mots. Invité aux AmFis, le philosophe Henri Peña-Ruiz a, au sein d’une conférence sur le caractère émancipateur de la laïcité, fait une incise sur une querelle de mots qui agite la sphère anti-raciste depuis des années : le sens du mot islamophobie.
Il l’a toujours fait, prenant le soin de rappeler combien toutes les formes de racisme et d’atteintes aux personnes sont condamnables. Il reprend l’étymologie du mot « islamophobie » qu’il trouve mal formé pour agir contre le racisme anti-musulmans, laissant prise à ceux qui, au nom des réels et inacceptables actes racistes anti-musulmans, voudraient en profiter pour interdire toute mise en cause de la religion. Il n’est pas le seul, Charb, Zineb ou encore Salman Rushdie l’ont également avancé.
Sur la base d’une citation tronquée, des militants ont conspué Henri Peña-Ruiz sur les réseaux sociaux. Pour moi l’ignominie a été atteinte lorsqu’un invité des mêmes AmFis, Taha Bouhafs, plutôt que de débattre, plutôt que de vérifier la véracité de la citation attribuée à Henri Peña-Ruiz alors qu’il se targue d’être journaliste, a cru bon de souhaiter sa mort prochaine par la canicule.
Apercevant cet individu, je lui ai fermement fait remarquer que « son tweet était inacceptable, qu’on ne pouvait souhaiter la mort d’un camarade. » Point. Ce dernier l’ayant mal pris, ses amis m’entourant et l’un d’entre eux me repoussant, j’ai pris le parti de reculer, et le service d’ordre du mouvement s’est interposé sans aucunement prendre parti, pour que tout revienne au calme. Cette scène ayant eu lieu dans l’espace public des amFis, près de journalistes, s’il y avait eu violence physique de ma part, on l’aurait immédiatement vu et su. Les choses auraient pu en rester là.
Pourtant au fur et à mesure de la journée Taha a peu à peu fait circuler l’idée que je l’avais agressé et qu’il me cherchait, certains absents des AmFis relayant même relayé l’idée d’une violence physique. Par sens des responsabilités, j’ai fait en sorte de ne pas le croiser, et bien m’en a pris puisque allant tout de même chercher à manger à l’extérieur, je le croise alors qu’il est accompagné de participants à sa table ronde et il s’avance immédiatement vers moi, pour m’insulter de « vermine raciste ».
Je laisse juge chacun de déterminer où est la violence : dans la parole de celui qui fait une distinction sémantique, qui peut toujours être discutée ; dans le fait de condamner celui qui se réjouit à l’idée de la mort d’un universitaire ou dans le fait de souhaiter cette mort ?
Par souci de sérénité je n’ai rien dit de tous les amFis ni dans les jours suivants. Mal m’en a pris, c’est désormais les calomnies véhiculées par Taha qui prévalent. Son récit fait foi auprès de certains journalistes, et commentateurs, au point que d’anonymes « dirigeants » de la France Insoumise cités par Libération « regrettent ma perte de contrôle » et « mon erreur », alors que Taha a menti et évoque désormais une agression physique.
Pour mémoire je remets ici les propos d’Henri Pena-Ruiz :
« « Le racisme », qu’est-ce que c’est ? Mise au point : c’est la mise en question des personnes pour ce qu’elles sont. Mais ce n’est pas la mise en question de la religion. On a le droit, disait le regretté Charb, disait mon ami Stéphane Charbonnier, assassiné par les frères Kouachi en janvier 2015. On a le droit d’être athéophobe comme on a le droit d’être islamophobe. En revanche, on n’a pas le droit de rejeter des hommes ou des femmes parce qu’ils sont musulmans. Le racisme, et ne dévions jamais de cette définition sinon nous affaiblirons la lutte antiraciste, le racisme c’est la mise en cause d’un peuple ou d’un homme ou d’une femme comme tel. Le racisme antimusulman est un délit. La critique de l’islam, la critique du catholicisme, la critique de l’humanisme athée n’en est pas un. On a le droit d’être athéophobe, comme on a le droit d’être islamophobe, comme on a le droit d’être cathophobe. En revanche, on n’a pas le droit d’être homophobe, pourquoi ? Parce que le rejet des homosexuels vise les personnes. On rejette des gens pour ce qu’ils sont, et là on n’a pas le droit de le faire. Le rejet ne peut porter que sur ce qu’on fait et non pas sur ce qu’on est.»
Chacun peut le vérifier sur la vidéo : https://t.co/bFchgbSqyb
Soutien à toi total et fraternel mon cher Benoit. Je te redis ma vive amitié. Courage. Ne nous laissons pas atteindre par des calomniateurs. Merci encore de ta solidarité.A très bientôt cher camarade.
HENRI PENA -RUIZ
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