Mardi, Vincent Peillon, candidat à la primaire du Parti Socialiste, a déclaré :
« Certains veulent utiliser la laïcité – ça déjà été fait dans le passé – contre certaines catégories de population. C’était il y a 40 ans les Juifs à qui on mettait des étoiles jaunes, c’est aujourd’hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans qu’on amalgame souvent avec les islamistes radicaux. C’est intolérable. »
On ne peut que noter l’énormité de ces propos. Ils constituent une aberration historique et alimentent la confusion sur la laïcité.
D’abord ce n’est évidemment pas il y a quarante ans que les français juifs ont dû porter l’étoile jaune, mais sous le gouvernement de Vichy, il y a plus de 70 ans. Plus grave, il faut rappeler que ce dernier n’a évidemment jamais été laïque, puisqu’au nom de la Révolution Nationale conservatrice il s’est au contraire attaché à détruire tout ce que la déclaration des droits de l’homme de 1789 et la loi de 1905. Le 7 mai 1941 la nouvelle loi d’instruction scolaire précise d’ailleurs que l’école publique doit enseigner « les valeurs spirituelles, la patrie, la civilisation chrétienne », ce qui est bien éloigné de la laïcité.
La discrimination, puis l’internement et l’expulsion des français de confession juive, vont à l’encontre de toute visée laïque. Ces politiques s’appuient sur une conception raciale et inégalitaire de l’humanité, là où tout au contraire la laïcité envisage chacun dans l’égalité avec son prochain sans considération de ses origines présumées ou de ses convictions spirituelles. Vincent Peillon laisse maladroitement entendre que c’est au nom de la laïcité que ces crimes se sont produits entérinant de fait que la laïcité peut conduire à de telles déviations.